Auteur :CODJO STEVE
Une carte des crises en Afrique présenterait l’image d’un continent
marqué par une forte conflictualité. Entre 1960 et 2009,on recense sur le
continent :
-plus de 70 coups d'Etat,
-235 tentatives de coups d'Etat
-Une trentaine de conflits armés ayant entrainés plus de 6 millions
de morts.
L’insécurité est donc un problème récurrent en Afrique, et ce,
malgré les nombreuses initiatives de la communauté internationale en faveur de
la paix et de la sécurité sur le continent et l’interventionnisme des
puissances occidentales, notamment la France qui multiplie les opérations
militaires pour protéger ses intérêts (Cote d’Ivoire, Centrafrique, Mali…)
sur la base d’accords de défense et de mandats de l’ONU.
Au contraire, l’ingérence internationale a aggravé
l’instabilité dans certaines situations. L’intervention internationale en Libye
de 2011 sous conduite de l’OTAN,
illustre fort bien les conséquences désastreuses de l’ingérence
continuelle des puissances occidentales en Afrique :
-Depuis
2011 la Libye est plongée dans un conflit armé entre deux gouvernements ;
-Cette intervention a favorisé la circulation des
armes au Sahel, et indirectement contribué au déclenchement de la crise
malienne en 2012 ;
-Des groupes terroristes se sont installés et ont
commis des attentats dans les pays frontaliers, notamment en Tunisie (les
attentats du musée de Sousse et à Bardo) ;
-La crise migratoire dans la méditerranée se
chiffrant à plus de 10 000 morts depuis 2014…
L’Afrique doit-elle alors continuer à dépendre de
l’extérieur pour assurer sa sécurité ? D’autant plus qu’il existe depuis
plus de dix ans un système de sécurité collective sur le continent.
La sécurité collective renvoie à une notion selon laquelle les
Etats considèrent que la sécurité de l'un d'entre eux est l'affaire de tous les
autres et, par conséquent, ils répondront collectivement aux atteintes et aux
menaces d'atteinte à la paix.
Un tel système de sécurité collective répond au besoin d’une régionalisation de la sécurité pour :
-des réponses locales plus pertinentes,
-une mutualisation des capacités étatiques
-et une coordination des différentes initiatives pour la paix.
L’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité, créée
en 2002 par l’Union africaine (UA), s’inscrit dans cette logique et propose
des instruments nécessaires à une sécurité régionale efficace. Parmi ces
instruments :
-le Système continental d’alerte rapide, pour la veille et la prévention des crises, qui
anticipe l’apparition et le déclenchent des conflits ;
-la Force africaine en Attente, composée de cinq brigades reparties dans les
différentes sous-régions, capable d’intervenir rapidement pour empêcher
l’aggravation des crises et contribuer au rétablissement de la paix.
Mais les problèmes de l’UA, liés à :
-l’insuffisance des ressources,
-les divisions politiques entre Etats africains
-et les rivalités entre les acteurs régionaux de
la sécurité,
entravent l’opérationnalisation de l’APSA et donc une régionalisation –
nécessaire - de la sécurité sur le continent.
Compte tenu de la pertinence de la sécurité collective en Afrique, Il
est nécessaire d’envisager des solutions pour l’opérationnalisation et
l’efficacité de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, comme :
-l’institutionnalisation de mécanismes de financement internes à
l’UA. Une taxe sur les importations a été créée en ce sens pour alimenter le
fonds spécial pour la paix.
-l’élargissement des prérogatives de l’Union africaine
-la réévaluation de la coopération avec les partenaires étrangers,
en établissant notamment des collaborations opérationnelles pour le transport
aérien des troupes, du matériel etc
- l’adoption au plan régional d’une stratégie concrète contre
l’insécurité, adaptée aux menaces sécuritaires sur le continent.
Mais la sécurité collective ne constitue qu’une partie de la
réponse à apporter à l’insécurité en Afrique. Tant que les causes profondes de
l’instabilité sur le continent, comme la mauvaise gouvernance, la pauvreté, la
violation des droits et libertés individuels, persisteront, il ne pourrait y
avoir de paix durable en Afrique.
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