Présentation
de l'ouvrage de Mohammed Chiguer :
الاقتصاد المغربي - المسار العام و الوضعية و
الآفاق ( منشورات حنظلة)
L'ouvrage, en langue arabe, consacré à l'économie marocaine de l'économiste
Mohammed CHIGUER que la maison
d'édition HANDALA a publié en mois de décembre 2015, sous le titre:
الآفاق و الوضعية و
العام المسار
- المغربي الاقتصاد ( l'économie marocaine- tendance générale, situation et
perspectives)sort des sentiers battus et s'affranchit de la pensée unique pour
faire entendre un autre son de cloche en opérant une analyse sans
concession de la réalité économique; une
réalité complexe dont toute tentative de simplification ne fait qu'amplifier sa
complexité. Amplification qui risque de rendre l'économie marocaine un véritable imbroglio
réfractaire à tout protocole de quelque nature qu'il soit, qui cherche à
mieux l'appréhender dans la perspective de la faire évoluer pour en faire une économie moderne.
L'ouvrage
s'articule autour de trois axes ou
parties. La première est consacrée au contexte général marqué par la
troisième révolution industrielle qui a débouché sur l'émergence de la société
postindustrielle ou société du savoir opérant ainsi, une rupture avec la
société industrielle qui s'est traduite par
une remise en question du confort
de la routine, en général, et des idées
stéréotypées qui s'y rattachent et de l'ordre international en particulier, qui
a prévalu depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Cette partie interpelle le marocain qu'il soit
décideur, chercheur ou citoyen lambda pour prendre conscience des défis de la
société du savoir et des mutations que connait actuellement l'humanité. La
mondialisation dans sa nouvelle forme ou la globalisation qu'on ne saurait
dissocié des nouvelles techniques d'information et de communication ne sont que
des manifestations de cette nouvelle
société et l'expression d'une nouvelle étape dans l'histoire de l'humanité.
Prendre la mondialisation pour elle même comme s'il s'agit d'un phénomène
inédit ,c'est courir le risque de confondre les idées que prône la pensée dominante qui se veut unique
en décrétant la fin de l'histoire avec les opportunités qu'offre la société du
savoir pour faire valoir l'imaginaire collectif. Le risque de prendre des
vessies pour des lanternes est réel eu
égard au rôle dominant du Capital financier qui a tendance à assoir sa
domination en mettant à contribution la révolution technologique et en
s'appuyant sur des mécanismes bien rodés relevant que se soit du système de
bretton Wood (FMI- BIRD),du marché
financier (Agences de notation- Bourses) ou
du système onusien ( OMC- PNUD).
L'émergence comme
étape pour prendre le large et entamer , en conséquence, le processus de
développement est à portée de main à
condition de se rendre à l'évidence et d'amorcer la réconciliation de la
politique économique avec la société en replaçant le citoyen au cœur de cette
politique pour en faire le moyen et l'objectif. C'est avec et pour le citoyen
qu'il est possible de relever les défis de la société du savoir. Toute autre
démarche est vouée à l'échec et ne peut , au mieux, déboucher que sur la mise à
niveau du sous-développement.
En effet, avec la troisième révolution industrielle un nouvel
ordre international est entrain de prendre forme. Les clivages traditionnels
qui consistent à distinguer le Nord du Sud, le Centre de la périphérie ou les
développés des sous-développés sont
entrain de disparaitre en faveur d'une nouvelle division internationale du travail.
Au Nord, l'évolution de la part de l'industrie de transformation dans le PIB constitue la ligne de démarcation entre
les pays qui se sont repositionnés pour sauvegarder leur compétitivité
industrielle et profiter de la révolution technologique ( Allemagne) et les
pays qui ne se sont pas pris à temps pour éviter la tendance au démantèlement
de leurs appareils de production et qui se trouvent actuellement dans une
posture peu reluisante( France). Au Sud, des pays qui se comptent sur les doigts de la main se
sont détachés du peloton des sous-développés pour émerger (BRICS)en pariant sur
l'industrialisation alors que le reste des pays du sud qui constitue la
majorité s'est divisé en deux sous groupes: les sous-développés de" la
première génération" qui sont restés à la traine et les sous-développés de"
la seconde génération" qui ont mis leur sous-développement à niveau pour
s'arrimer au marché des nouvelles
technologies et s'ériger en plate forme
du Capital étranger .Ces pays se sont attelés à disposer des infrastructures
adéquates et à améliorer leur attractivité sans pour autant inscrire leurs
efforts dans une démarche qui consiste à créer les conditions d'un réveil
civilisationnel.
En dépit des
indices du développement humain qui classent le Maroc parmi les pays les plus
arriérés, ce dernier a réalisé des avancées qui le distinguent des contrées qui
relèvent du sous-développement de" première génération", mais qui
sont insuffisantes pour le classer dans la catégorie des émergeants dans la
mesure où il n'a pas saisi la portée de la troisième révolution industrielle en
termes d'industrialisation et du savoir. Le Maroc semble se contenter de la
mise à niveau de son développement en pariant sur le modèle prêt -à -porter en
vogue, inspiré du modèle néo-classique qui privilégie l'équilibrisme sur le
développement et qui banni le rôle de l'Etat en faisant de la main invisible(
marché) l'unique moyen qui est à même de conduire l'économie défaillante à
retrouver son équilibre et à nouer avec le dynamisme.
L'auteur s'est
penché sur ce modèle pour faire ressortir ses limites en consacrant la deuxième
partie de son ouvrage à l'état des lieux de l'économie marocaine qu'il préfère
mettre au pluriel en raison de son caractère composite que le consensus mou
dominant ne cesse de consolider. La troisième partie s'inscrit dans le
prolongement de la deuxième en s'interrogeant sur les conditions à réunir et
les moyens à mettre en œuvre pour une destruction/construction d'un modèle
approprié sur la base d'un consensus fort et positif.
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