LA CRISE
MAROCO-MAROCAINE
CHRONIQUES POLITIQUES
BONNES FEUILLES N° 2
Abdelmoughit
Benmessaoud Tredano
Pr.de science politique
et de géopolitique. Université Mohamed V.Rabat
On continue à procéder
à la publication de quelques extraits de mon livre intitulé :
CHRONIQUES POLITIQUES
Crises, réformes et
désillusions
À la recherche d'un
système démocratique
désespérément….
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Des vertus qui reculent
pour ne pas dire qu'elles ont presque disparu. Seul l'argent compte. La
corruption érigée presque en règle de droit. Et l'exclusion qui rampe et se
popularise. Puis, la confiance est devenue denrée rare et l'abattement qui
gagne les plus optimistes et les plus réfractaires à l'ordre règnant. Le savoir
est l'apanage d'une élite. L'ignorance et l'obscurantisme sont le lot de la
multitude. Enfin, le politique, discrédité et déliquescent, est impuissant
devant l'immensité et la complexité de la tâche et de l'œuvre à accomplir. Tels
sont les points saillants d'une crise qui persiste et s'approfondit.
Au-delà des problèmes
liés à l’adversité externe, la crise est aussi interne: maroco-marocaine.
À l'instar de la
situation de la majorité des États du Tiers Monde, celle du Maroc
relèverait-elle désormais, si ce n'est depuis quelque temps déjà, de
l’ingérable ?
Que faire devant la
dégénérescence d'une telle situation ?
C'est d'une rupture au
niveau de la culture politique et des choix qu'il est question. C'est aussi de
l'abandon de la politique d'accoutumance et des doses homéopathiques qu'il
s'agit. Les défis externes n’autorisent plus les demi-mesures, les
interventions par à-coups et encore moins un laisser-aller insouciant et
dangereux.
Par ailleurs, continuer
à ignorer le voisinage immédiat et lointain, c'est courir le risque d'une
aventure aux conséquences incertaines. Se complaire dans un immobilisme
ahurissant sous prétexte que le Maroc dispose d'atouts appréciables devant lui
éviter l'itinéraire et le syndrome algérien, c'est faire preuve d'ignorance de
la mobilité du fait social, de la rapidité de sa mutation. Tout peut naître et
paître dans le pâturage et sur le terreau de la misère.
Une culture politique
nouvelle et des options novatrices et mobilisatrices s'imposent plus que
jamais. Elles deviennent urgentes et impératives car s'il est facile de changer
l'homme, il n'est pas du tout aisé d'agir sur des mentalités, des habitudes et
des comportements, qui se sont déjà solidement installés et incrustés.
Les rapports ayant
marqué la politique, trois décennies durant, doivent être repensés et
redéfinis. Ce qui a prévalu jusqu'à présent relève désormais de l'archéologie
politique. Le monde a changé d'une manière abyssale. La société marocaine s'est
aussi profondément métamorphosée. C'est commettre une grave erreur
d'appréciation que de continuer à ignorer son temps.
Le travail qui nous
attend tous c'est celui d'une profonde refonte et de reconstruction .
L’immensité de l’œuvre
pourrait faire fi des clivages politiques. Le Maroc a besoin de tous ses fils.
Au-delà du politique, il y a besoin d'un choix salvateur et identitaire.
Bref l'urgence est là.
Il ne suffit plus de le dire mais aussi et surtout de le reconnaître. Et d'agir
en conséquence.
Partant, il faut
adopter les réformes de divers ordres pour répondre aux multiples défis. La
transition ne sera pas facile, les déchirements sont prévisibles. Mais le salut
est à ce prix.
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Il s’agit extrait d'un
article écrit il y a presque 30 ans, publié le 18 Février 1992 . Al Bayane.
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