REVISITER
LE CONSENSUS SUR LE CONSENSUS :
POUR UN
CONSENSUS DE RUPTURE (1)
CHRONIQUES
POLITIQUES
BONNES
FEUILLES N° 3
Abdelmoughit
Benmessaoud Tredano
Pr.de
science politique et de géopolitique. Université Mohamed V. Rabat
On
continue à procéder à la publication de quelques extraits de mon livre intitulé
:
CHRONIQUES
POLITIQUES
Crises,
réformes et désillusions
À la
recherche d'un système démocratique désespérément….
QUELQUES
NOTIONS : LE CONSENSUS
Le
consensus a été souvent sollicité par les acteurs politiques pour gérer le
politique.
Son sens
et sa fonction ont été souvent dévoyés.
Qu’en
est-il ?
Démocratie
et consensus
Après ces
quelques développements sur des notions aussi diverses que complexes dont la
nécessité de les rendre intelligibles est impérative, il importe de
s’interroger sur une autre notion en l’occurrence le consensus.
Eu égard
à la spécificité marocaine mais aussi à l’obligation de changer, cette formule
de consensus est souvent sollicitée pour une meilleure approche du politique et
de son évolution dans notre pays.
Qu’en
est-il ? Est–elle pertinente ?
Constituerait-elle
un mode de régulation politique permanent ou sera –t-elle uniquement
l’instrument d’une étape de transition vers une articulation optimale entre
l’évolution sociologique du pays et ses institutions politiques ?
Le
professeur George Burdeau précise: « Pour que la notion de consensus soit
valable il convient de l’accepter dans son ambigüité parce qu’il procède à la
fois d’habitude et d’accoutumance au milieu d’une acceptation réfléchie du
style des relations sociales » et à l’auteur de « l’Etat » d’ajouter
opportunément d’ailleurs que l’ « on ne peut cependant fonder le consensus sur
une multitude de passivités, car l’ordre établi n’est pas accepté seulement
pour ce qu’il est mais aussi à raison de ce dont il est la promesse » (2).
Au Maroc,
du moins jusqu’à présent et cela sans sous-estimer l’importance des réformes
politiques, constitutionnelles et institutionnelles intervenues depuis quelques
temps, le consensus est conçu et perçu à sens unique : autrement dit si au
niveau formel, la notion du consensus est de plus en plus sollicitée, voire
pratiquée pour certaines questions sacrées et sensibles, au niveau du vécu
réel, le changement n’est pas encore très perceptible car il est inoculé à
doses homéopathiques.
On peut
résumer cette situation par le biais de cette série de corrélations et/ou
d’oppositions :tradition/modernité ; immobilisme/ changement,
conservatisme/audace.
En somme,
l’évolution du politique au Maroc dépendrait largement de la manière dont
serait approchée et résolue cette série d’équations.
Un
observateur des questions marocaines disait qu’au Maroc c’est le politique qui
a besoin d’un programme d’ajustement structurel.
Si cette
formule lapidaire résume un tant soit peu la problématique politique marocaine,
il importe de préciser que la réforme devrait concerner l’ensemble des acteurs
politiques et devrait se traduire par un décloisonnement du débat, un
dépoussiérage des mentalités et une véritable mutation au niveau du
comportement politique; bref seule une nouvelle culture politique est à même
d’instaurer la tradition de l’exemple, de décrisper le climat, de dissiper la
suspicion et de recréer la confiance, conditions et préalable dont le pays a
fortement besoin.
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Revisiter
le consensus sur le consensus c’est d’abord une sorte de consensus de rupture
dans l’approche de politique au niveau de sa conception et de sa pratique.
De prime
abord, ces deux termes pourraient paraître antinomiques et pouvant former une
équation difficilement soluble dans un champ politique réfractaire aux
situations nouvelles, aux mutations profondes et aux démarches iconoclastes.
Et
pourtant, rien n’est plus salutaire que de secouer le cocotier dans un monde
politique qui s’installe dans un conformisme douillet, une léthargie
anesthésiante et un unanimisme auto-balisé et mirobolant. Cette inflexion
semble plus que jamais nécessaire, voire impératif car la nature des choses le
commande et l’intérêt des pays l’exige.
En effet,
le consensus, tel qu’il était conçu et pratiqué depuis plus d’une décennie, n’a
pas permis une avancée considérable quant à l’évolution intrinsèque et
d’essence du politique ; il est vrai que d’importantes réformes ont été, en
effet, effectuées dans divers domaines mais elles ne se traduisent pas encore
en mutations qualitatives au niveau des comportements, des mœurs et des
attitudes des acteurs politiques.
Une
culture de spectacle
Ainsi, la
réforme intervient plus comme une culture de spectacle que comme un acte de
transformation naturelle et puis normative de la chose politique et des
rapports devant exister entre l’espace publique et les citoyen.
Cette
notion de consensus de rupture est vitale pour toute société dans l’ambition
est de jouer un rôle autre que se reproduire médiocrement et dont le souci est
d’éviter de se morfondre dans la marginalité faute de projet attractif,
motivant et engageant.
Par
nature, les sociétés vivent et évoluent dans et par les conflits ; le
politique, dans le cadre d’une expression démocratique, régule les rapports
conflictuels en rapports organisés. Et qui dit rapports organisés ne signifie
nullement harmonieux et encore moins imprégnés d’un unanimisme surréaliste.
De plus
en plus, les rapports entre les acteurs politiques se réduisent à des liens de
famille, de clan, de région et où la place des idées s’amenuise, où les projets
se conjuguent au quotidien et l’urgence devient quasiment le seul paramètre de
l’action publique.
Cette
culture politique n’autorise aucune position hardie, audacieuse bousculant les
habitudes et les rites d’un establishment qui se plait et se complait dans une
attitude qui se réduit à cette formule : on fait comme si…
Ce type
de rapport est dicté, en partie, par « l’étroitesse » de l’élite politique ; on
se connait trop bien pour se permettre des critiques « désobligeantes ».
Le
renouvellement et l’élargissement de l’élite pourrait être source de
changement, d’enrichissement et d’engagement déterminé, tranchant avec un code
de conduite essentiellement sur des règles de « convenance » politique et la
propension à éviter de compromettre l’avenir. Or, le politique est une option à
risques ; ce n’est pas un investissement toujours « productif » et suivant une
vision rénovée il ne devrait pas se réduire à une dimension comptable ; le
gouvernement de la cité ne devrait pas être assimilé à une gestion
d’entreprise.
Un
consensus de rupture
Vouloir
ménager la chèvre et le chou en plaçant des pions partout ne pourrait
contribuer à une évolution de la quintessence du politique.
Plaider
pour un consensus de rupture serait une nouvelle approche d’aborder la chose
politique au niveau de sa conception, de sa perception et de sa pratique ; cela
devrait passer par un processus d’élaboration d’une culture politique nouvelle.
En second
lieu, comme on l’a souvent soutenu, le politique est comme le religieux, il
donne à croire ; renouveler et décrédibiliser la symbolique, délégitimer les
mythes et recréer les rêves seraient nécessaires, voire impératifs pour
intéresser le citoyen aux affaires de la cité et le faire revenir au champ
politique. Cela est nécessaire, aussi, parce qu’après l’effondrement des
valeurs et la disparition des référentiels, d’aucuns seraient tentés de réduire
celui-ci à un supermarché ; on ne peut bâtir un champ politique essentiellement
sur le clientélisme.
Certains
acteurs n’ont pas hésité à franchir le Rubicon ; la chose politique
devrait-elle être réduite uniquement à une source de distribution des titres,
de prébendes et de privilèges ?
L’efficacité
d’un parti devrait-elle se mesurer à l’aune de sa capacité à satisfaire une
demande de plus en plus débordante ? Mais où serait la place des idées, des
programmes et des projets ?
Quelles
serait la ligne de partage entre les acteurs politiques ?
Se
transformeraient-ils en "pourvoyeurs de fond " et distributeurs de
biens et de services ? Si c’est le cas, il serait hasardeux de croire en un
progrès réel du monde politique.
Pour ce
faire il importe donc qu’une clarification politico-idéologique soit faite
entre les acteurs politiques. Cette clarification est d’autant plus nécessaire
que le clivage gauche/droite n’ait jamais été pertinent et ne pouvant ni
expliquer ni traduire la réalité de la carte politique et la nature des
rapports entre les composantes.
Elle est
d’autant plus nécessaire que les différences de choix, de programmes et de
projets se rétrécissent comme peau de chagrin ; les pertes de valeurs et la
disparition d’un marqueur référentiel ont contribué à une telle évolution.
Par
ailleurs, dans les conditions présentes, on ne peut réformer le politique en
s’engouffrant dans le moule et de l’habit de la culture dominante.
En
revanche, et eu égard à l’évolution historico-sociologique et aux contraintes
du socio-économique, la recomposition du paysage politique s’impose plus que
jamais ; elle est la seule à même de produire un système de représentation
devant coller le plus et le mieux à cette nouvelle réalité.
Et comme
le consensus sur le consensus, avec l’immobilisme et le conformisme ambiant qui
lui sont inhérents, domine toujours le champ politique, il importe désormais de
recréer les conditions d’une nouvelle approche du politique, tant au niveau de
sa conception que de sa pratique, et ce pour en changer les termes et les
valeurs.
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Notes
1. Cet article
a été écrit en deux temps Al Bayane 20 mars et 13 Juillet 1999.
2. G.
Burdeau, « l’Etat », Ed. Seuil, 1970, p.138.
Hemispherical and semi-circular cavities, beads, and contours additionally be|may additionally be|can be} formed by this course of. The world market report offers an in depth analysis of the global market and focuses on key elements such as main corporations, product sorts, and main functions of the product. Besides this, the report provides insights into the market trends and highlights the important thing} trade developments. In addition to the factors mentioned above, the report encompasses several of} factors contributing to the Direct CNC growth latest years|in recent times|lately}.
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